Espace, mobilité et désordre — vol. 1, no 1, automne 2017
Dossier «Conflits narratifs et politiques dans l'espace francophone»
Responsables: Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault
Dossier «Conflits narratifs et politiques dans l'espace francophone»
Responsables: Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault
Hiérarchies et inhibitions francophones: quelques exemples empruntés à France Daigle et à Jacques Poulin
Catherine Leclerc (Université McGill)
Résumé
«C’est notre langue. On peut-ti pas la parler comme qu’on veut?» Telle est la réaction de Terry, le personnage de France Daigle, lorsque sa compagne Carmen, devant les responsabilités parentales qui deviennent les leurs dans Petites difficultés d’existence, lui suggère de modérer son usage du chiac. De même, dans La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin, l’écrivain Jack Waterman et sa traductrice Marine valorisent le fait d’écrire «à sa manière, sans tenir compte des règles». Un examen de leurs usages linguistiques, toutefois, révèle que pareils appels à la liberté ne sont que l’une des réponses apportées par ces romans à une norme linguistique imposée de l’extérieur et fortement intériorisée. Leur portrait de la francophonie est celui d’une instance inhibitrice et hiérarchisée, à laquelle ils continuent d’adhérer fortement en même temps qu’ils tentent d’y résister et de la remodeler. Sans minimiser la valeur stratégique d’usages caractérisés par leur diversité, il y a lieu, à un moment où la place du français diminue dans l’espace littéraire mondial, de s’interroger sur les conséquences d’une telle hiérarchisation et des inhibitions qu’elle cause.
«C’est notre langue. On peut-ti pas la parler comme qu’on veut?» Telle est la réaction de Terry, le personnage de France Daigle, lorsque sa compagne Carmen, devant les responsabilités parentales qui deviennent les leurs dans Petites difficultés d’existence, lui suggère de modérer son usage du chiac. De même, dans La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin, l’écrivain Jack Waterman et sa traductrice Marine valorisent le fait d’écrire «à sa manière, sans tenir compte des règles». Un examen de leurs usages linguistiques, toutefois, révèle que pareils appels à la liberté ne sont que l’une des réponses apportées par ces romans à une norme linguistique imposée de l’extérieur et fortement intériorisée. Leur portrait de la francophonie est celui d’une instance inhibitrice et hiérarchisée, à laquelle ils continuent d’adhérer fortement en même temps qu’ils tentent d’y résister et de la remodeler. Sans minimiser la valeur stratégique d’usages caractérisés par leur diversité, il y a lieu, à un moment où la place du français diminue dans l’espace littéraire mondial, de s’interroger sur les conséquences d’une telle hiérarchisation et des inhibitions qu’elle cause.
Mots-clés: France Daigle, Jacques Poulin, francophonie minoritaire
Article téléchargeable ici:
Catherine Leclerc - Zizanie A17 | |
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Pour citer ce texte
Leclerc, Catherine. 2017. «Hiérarchies et inhibitions francophones: quelques exemples empruntés à France Daigle et à Jacques Poulin». Zizanie, dossier «Conflits narratifs et politiques dans l’espace francophone», sous la dir. de Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault, vol. 1, no 1 (automne), p. 26-47. En ligne. http://www.zizanie.ca/hierarchies-et-inhibitions-francophones.html.
Leclerc, Catherine. 2017. «Hiérarchies et inhibitions francophones: quelques exemples empruntés à France Daigle et à Jacques Poulin». Zizanie, dossier «Conflits narratifs et politiques dans l’espace francophone», sous la dir. de Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault, vol. 1, no 1 (automne), p. 26-47. En ligne. http://www.zizanie.ca/hierarchies-et-inhibitions-francophones.html.
Notice biobibliographique
Catherine Leclerc est professeure au Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill, où elle enseigne les littératures franco-canadienne et anglo-québécoise ainsi que la traduction. Ses recherches portent sur le plurilinguisme littéraire et sur sa traduction. Elle est l’auteure de Des langues en partage? Cohabitation du français et de l’anglais en littérature contemporaine (XYZ, 2010).
Catherine Leclerc est professeure au Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill, où elle enseigne les littératures franco-canadienne et anglo-québécoise ainsi que la traduction. Ses recherches portent sur le plurilinguisme littéraire et sur sa traduction. Elle est l’auteure de Des langues en partage? Cohabitation du français et de l’anglais en littérature contemporaine (XYZ, 2010).