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Revue Zizanie

Espace, mobilité et désordre — vol. 1, no 1, automne 2017

Où va la culture?
Dossier

La mobilité culturelle en question
Par Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault 


À l’époque contemporaine, l’augmentation des flux migratoires et le développement des technologies de communication ont contribué à l’intensification des processus de mobilité, ce qui a permis l’émergence d’une culture du transit. Le vocabulaire sociologique de la mobilité sociale ou de la mobilité-progrès — faisant référence à l’idée de stratification sociale ou, avec Pierre Bourdieu, aux parcours réussis dans des «champs» où opère cette stratification — s’éloigne alors du concept de mobilité perçu comme une forme poétique qui traverse le domaine mythique avec l’énergie de l’envol et le refus de la mort (Gaston Bachelard).

Le dossier «Où va la culture?», qui fait suite à un colloque du même nom[1], interroge cette aptitude à se mouvoir entre des domaines culturels, dans l’espace des signes et des langages. La mobilité culturelle concerne l’immigrant, l’exilé, mais aussi la femme d’affaires en constant déplacement aérien, le professionnel spécialiste des nouveaux médias qui doit composer avec des lectorats (est-ce encore le terme usité?) fluides et curieux, sans négliger le sujet victime de discrédit, en situation de précarité dans l’espace social. La mobilité culturelle prend des formes aussi variées que le théâtre par téléphone portable, la foule éclair et le jardinage sauvage.

Nous sommes d’avis que les modalités contemporaines de la mobilité culturelle peuvent être étudiées à l’aide de la notion de récit, qu’il soit de mots, d’images ou d’espace. Loin d’être un territoire aplani, le récit traduit les dynamiques discursives des espaces parcourus et façonne des imaginaires tantôt positifs tantôt dysphoriques.

Parler de mobilité culturelle, c’est aussi prendre part à une réflexion sur ceux qui n’ont pas d’espaces légitimes, et qui doivent sans cesse bouger, non par choix ou par dynamique ascensionnelle. Parler de mobilité culturelle, cela suppose encore d’interroger les espaces publics qui sont des réceptacles de souffrances. Les sujets précaires, désolidarisés du corps social, opposent parfois une résistance créatrice à une mobilité entravée ou imposée. Le dossier «Où va la culture?» interroge les formes de mobilité s’apparentant aux braconnages décrits par Michel de Certeau, qui sont source d’alternatives et qui se transforment en récit, en création.

Pour Jean-François Côté (UQAM), se demander «Où va la culture?» d’un point de vue sociologique impose d’interroger son mouvement, mais aussi ses modes de circulation. L’auteur examine certaines voies de passage, «officielles (canaux) ou officieuses (caniveaux)», et pointe les tensions qui émergent du fait que «tout ne circule pas aussi librement ni de manière égale» dans l’espace culturel.

Jonathan Lamy Beaupré (CRILCQ, Université Laval) souligne que le conflit étudiant ayant mené au printemps érable et le mouvement autochtone pancanadien Idle No More (Finie l’apathie) partagent des valeurs, des symboles et des tactiques similaires (du carré rouge à la plume, des casseroles aux tambours). S’opposant par des pratiques créatives à des politiques gouvernementales jugées inéquitables, les groupes contestataires se tournent dans les deux cas vers la rue afin de récolter des appuis populaires.


[1] Où va la culture? Événement sur la mobilité culturelle, organisé par Simon Harel et Marie-Christine Lambert-Perreault, avec la collaboration de Jérôme-Olivier Allard, Claire Caland, Simon Houle, Jonathan Lamy Beaupré et Karina Sieres, Cœur des sciences de l’UQAM, 29 avril au 1er mai 2010.
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Responsables

Simon Harel (Université de Montréal)
Marie-Christine Lambert-Perreault (Université du Québec à Montréal)

Articles

«Circulation de la culture métropolitaine cosmopolitique, par canaux et caniveaux: voies, routes, rues, trottoirs»
Jean-François Côté (Université du Québec à Montréal)

«Tailler une plume dans un carré rouge: du printemps érable au mouvement Idle No More»
Jonathan Lamy Beaupré (CRILCQ, Université Laval)
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Texte introductif téléchargeable ici:
Harel & Lambert-Perreault - Zizanie A17b
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Notices biobibliographiques

Simon Harel  est professeur titulaire au Département de littératures et de langues du monde de l’Université de Montréal. Il dirige le Laboratoire sur les récits du soi mobile (LRSM), lieu de convergence médiatique et culturel où les chercheurs et partenaires travaillent avec des outils de captation audiovisuelle pour cerner les réalités et les enjeux de l’espace. Il est codirecteur du Centre de recherche des études littéraires et culturelles sur la planétarité (Université de Montréal). À l’orée du développement du Campus MIL de l’Université de Montréal, le Catalyseur d’imaginaires urbains (CIU), infrastructure de recherche-création dont il est coresponsable, a pour fonction de rassembler les prises de paroles citoyennes (performances publiques, récits de vie) par le biais d’une approche multimédiatique. Depuis quelques années, Harel propose des essais-fictions qui font place à la subjectivité du chercheur, dans une réflexion mettant en cause les lieux communs de l’identité. Auteur d’une quarantaine d’essais, fictions et volumes collectifs, il a publié l’automne dernier Foutue charte. Journal de mauvaise humeur (Varia). Il fait paraître en 2017 Place aux littératures autochtones (Mémoire d’encrier) ainsi que Été 1965. Fictions du hobo (Nota bene).

Boursière du FRQSC et du CRSH, Marie-Christine Lambert-Perreault achève un doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Ses travaux portent sur les imaginaires de la table, la culture végane, le motif de la dévoration et les représentations de la filiation et des affects dans la littérature et les séries télévisées contemporaines. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Zizanie, cofondatrice du réseau de recherche «Autour de la table», et a fait paraître le dossier «Raconter l’aliment» (Captures, novembre 2016) avec G. Sicotte. Codirectrice des ouvrages Télé en séries (XYZ, 2017) et La mort intranquille: autopsie du zombie (PUL, à paraître), elle a publié divers articles et chapitres de livres consacrés aux écritures de la mobilité imprégnées par l’Asie de l’Est (Ying Chen, Amélie Nothomb, Aki Shimazaki et Kim Thúy).

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ISSN 2561-4622
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